L’agonie du commerce de centre-ville, récemment analysée par Le Monde, frappe de nombreuses villes françaises. Les centres urbains se vident de leurs commerces, les enseignes ferment et l’inquiétude grandit. Mais à Amiens, je refuse catégoriquement cette fatalité. Notre cœur de ville possède encore des atouts considérables, et surtout, il est temps de lancer un grand chantier de renaissance urbaine. À l’aube de la mandature 2026-2032, je propose d’entreprendre une transformation ambitieuse de notre centre-ville : notre zone piétonne a bientôt 30 ans, elle vieillit et ne répond plus aux attentes actuelles. Les Amiénois aspirent à un cœur de ville qui allie déambulation commerciale, espaces verts, fraîcheur urbaine et qualité de vie. Après que les quartiers ANRU comme Etouvie et le Colvert ont bénéficié de grands travaux de requalification, c’est au tour de notre centre-ville d’entamer sa renaissance.
Un aménagement vieillissant qui montre ses limites
Notre zone piétonne, créée progressivement à partir des années 1990, constitue encore aujourd’hui la locomotive urbaine qui maintient l’attractivité du cœur de ville. Elle continue d’attirer les grandes enseignes nationales et internationales, préservant ainsi un flux de visiteurs essentiel. La rue des Trois-Cailloux, rendue aux piétons en 2000, et la rue Ernest Cauvin, piétonnisée dès 1977, témoignent de cette volonté pionnière d’offrir un centre-ville apaisé.
Mais force est de constater que cet aménagement de près de 30 ans accuse désormais son âge. Le revêtement minéral, les aménagements urbains et l’absence de végétation significative ne correspondent plus aux attentes contemporaines. Les Amiénois sont aujourd’hui en demande d’espaces plus verts, plus frais, mieux adaptés aux défis climatiques actuels.
Un centre-ville trop minéral face aux enjeux climatiques
L’urbanisme du XXème siècle, largement minéral, ne répond plus aux impératifs du XXIème siècle. Nos espaces publics manquent cruellement d’îlots de fraîcheur urbains, ces zones ombragées et végétalisées qui permettent aux habitants de se protéger des pics de chaleur de plus en plus fréquents. Les épisodes de canicule nous rappellent désormais chaque année l’urgence d’adapter nos aménagements urbains au changement climatique.
L’intégration d’eau en circuit fermé représente également un enjeu majeur pour apporter cette sensation de fraîcheur tant recherchée. Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de créer des systèmes d’irrigation autonomes et durables, combinant récupération d’eaux pluviales et végétalisation intelligente.
Vers un centre-ville du XXIème siècle
S’inspirer des réussites de la rénovation urbaine amiénoise
Les quartiers d’Amiens ont déjà bénéficié de transformations remarquables grâce aux programmes ANRU. Etouvie, le Colvert et les autres quartiers prioritaires ont vu leurs espaces publics entièrement repensés dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, mobilisant près de 400 millions d’euros pour la période 2020-2030. Ces opérations ont démontré qu’il était possible de créer des places paysagères, ludiques et conviviales, prenant en compte le réchauffement climatique.
Il est temps d’appliquer cette même ambition transformatrice à notre centre-ville. Le programme Action Cœur de Ville et les dispositifs de financement de l’ANRU offrent aujourd’hui des opportunités inédites pour entreprendre cette renaissance urbaine. La mission gouvernementale de février 2025 recommande d’ailleurs de lancer un nouveau programme national de renouvellement urbain aligné sur les cycles municipaux pour renforcer la résilience territoriale.
Créer de véritables îlots de fraîcheur urbains
La transformation de notre centre-ville doit intégrer massivement la végétalisation des espaces publics. Il s’agit de créer des îlots de fraîcheur urbains combinant les trois strates végétales : arborée, arbustive et herbacée. Ces espaces, d’au moins 1000 m² de canopée contiguë, permettent de réduire significativement la température ambiante grâce à l’évapotranspiration et l’ombrage naturel.
L’intégration d’eau en circuit fermé constitue un élément clé de cette stratégie. Les nouvelles fontaines végétalisées autonomes et les systèmes d’aquaponie urbaine permettent une économie d’eau de 80% à 90% tout en créant des espaces de fraîcheur et de convivialité. Ces aménagements répondent parfaitement aux enjeux d’adaptation climatique tout en embellissant l’espace public.
Repenser l’aménagement pour la déambulation et le bien-être
Le plan de renaissance 2026-2032 doit allier déambulation commerciale et qualité de vie urbaine. Cela implique de créer des espaces de détente et de convivialité, des zones d’ombre naturelle et des parcours piétonniers plus agréables. La piétonnisation de nouvelles rues et la création d’espaces partagés permettront d’étendre le cœur piéton tout en préservant l’accessibilité.
L’aménagement d’une place derrière l’hôtel de ville permettra de créer de nouveaux espaces publics de qualité et de relier les nouvelles halles au dispositif piéton déjà existant. Cette initiative s’inscrit dans la réflexion plus large sur l’avenir de la zone piétonne confiée à la SPL Vallée idéale développement.
Un projet structurant pour la mandature 2026-2032
Mobiliser les financements et partenariats disponibles
Le financement de ce grand plan de renaissance s’appuiera sur plusieurs leviers. Les programmes de requalification des centres-villes offrent des opportunités de financement européen et national. L’ANRU, qui dispose d’une enveloppe de 14 milliards d’euros pour le NPNRU, pourrait étendre son intervention aux centres-villes dans le cadre de la nouvelle stratégie gouvernementale.
La Banque des Territoires, qui a déjà mobilisé 5,3 milliards d’euros de prêts pour la rénovation urbaine, constitue un partenaire naturel pour financer cette transformation. Les dispositifs européens FEDER et les fonds régionaux compléteront ce montage financier ambitieux.
Associer tous les acteurs à cette transformation
La réussite de ce plan nécessite une mobilisation collective associant commerçants, habitants, associations et partenaires institutionnels. La méthode déjà éprouvée dans les quartiers ANRU, basée sur la concertation et la participation citoyenne, sera appliquée à cette requalification du centre-ville.
Les managers de centre-ville joueront un rôle clé pour coordonner cette transformation et accompagner les commerçants dans cette mutation. L’expérience acquise avec les stewards de centre-ville déployés lors de la piétonnisation des années 2000 sera précieuse pour faciliter l’appropriation de ces nouveaux aménagements.
Une vision d’avenir pour Amiens
Ce grand plan de renaissance s’inscrit dans une vision prospective d’Amiens à l’horizon 2030-2035. Il s’agit de faire de notre centre-ville un modèle d’urbanisme durable et résilient, conciliant attractivité commerciale, qualité de vie et adaptation climatique. Cette transformation permettra à Amiens de conserver son avance en matière d’aménagement urbain et de conforter son statut de ville moyenne attractive.
L’intégration de solutions innovantes comme les façades végétalisées autonomes et les systèmes de gestion intelligente de l’eau fera d’Amiens une vitrine de l’innovation urbaine française.
Conclusion
Notre cœur de ville a bientôt 30 ans. Il a vieilli, s’est minéralisé et ne répond plus aux attentes contemporaines des Amiénois qui aspirent à plus de végétal, plus de fraîcheur, plus de bien-être urbain. Après que les quartiers prioritaires ont bénéficié de transformations remarquables grâce aux programmes ANRU, il est temps d’entreprendre la renaissance de notre centre-ville.
Le grand plan 2026-2032 que je propose vise à faire de notre zone piétonne un modèle d’urbanisme du XXIème siècle : des îlots de fraîcheur pour s’adapter au changement climatique, de l’eau en circuit fermé pour créer de la convivialité, des espaces verts pour améliorer le cadre de vie, tout en préservant la vocation commerciale et l’attractivité de notre centre-ville.
Cette transformation ne sera possible qu’avec une volonté politique forte et une mobilisation collective. En tant que candidate à la mairie d’Amiens pour 2026, je m’engage à porter ce projet structurant qui fera de notre ville un exemple de renaissance urbaine durable et résiliente.
Refusons la résignation, embrassons l’ambition : Engageons la renaissance de notre cœur de ville.